Les règles de distanciation physiques existent dans les arts martiaux depuis leur origine ils se sont développés plus particulièrement au travers du traité des Cinq anneaux [1]de Miyamoto Musashi (1584-1645) le plus célèbre samouraï de toute l’histoire du japon. La supériorité de l’école des deux sabres avait un seul objectif d’enseigner l’art de gagner le combat par le sabre au moyen de la stratégie gagnante.
Les principes qui fondent la stratégie de Musashi allient le souci minutieux des plus infimes détails techniques à la recherche simultanée d’une large vue d’ensemble, ces deux visées apparemment contradictoires allaient devenir complémentaires dans le dicton : tête de sourie et tête de taureau, agir avec la finesse de la souris pour montrer la hardiesse du taureau (Livre : Le feu). La dualité de la stratégie de Musashi se manifeste de façon très concise par les deux façons de voir : Avec des yeux intérieurs, on parvient à tout voir et on peut mesurer l’état d’esprit exact de l’adversaire. Cette position stratégique des yeux allait devenir l’attitude fondamentale clef de la stratégie : le Shiseï [2]: une attitude correcte, tête et bassin droit, épaules détendues, articulations souples regard vague et global sur la ligne d’horizon, visage décontracté et bouche fermée. La posture de la tête de sourie, allait influencer toutes les activités depuis l’art du salut (règle de comportement social), l’art culturel, (Le théâtre Nô) à l’art du combat (règles de comportement guerrier) Le Reigi-saho : Le salut (Rei) exprime la politesse, la courtoisie, une attitude fondamentale empreinte de respect envers autrui que l’on retrouve dans tous les aspects de la vie quotidienne, c’est l’expression d’un état d’esprit, derrière les règles de salut se cachent un véritable code stratégique qui consiste à ne pas révéler ses intentions à son entourage, amis ou ennemis. Ainsi les règles du salut cachent les attitudes fondamentales de survies et de victoires :
-Le salut se fait en respectant une distance rarement inférieure à deux mètres, il faut en effet laisser suffisamment d’espace pour pouvoir dégainer le sabre si nécessaire. Ne jamais entrer dans le territoire de l’autre (espace individuel limitée par un bras tendu sur 360°) donc interdiction de toucher son interlocuteur, car tout contact est considéré comme une agression irréparable. Ne jamais montrer aux autres le moindre doute ou perturbation qui pourrait leur donner l’avantage dans un éventuel combat. Cette attitude permet de saisir le rythme (Hyôshi), le moment particulier à saisir pour gagner. Notre code civil (Art 1384) met en évidence les rapports de causes à effets, le responsable est celui qui ne respecte pas les règles, qui ne contrôle pas son énergie et provoque un accident Il est donc désigné comme présumé responsable puisque c’est son action qui a provoqué un dommage. Ainsi, les témoignages d’affection en publics, brisent la barrière de sécurité, fragilisent les rapports humains, et favorisent en plus la transmission de maladies. L’on comprend aisément que lorsque les gestes barrières font déjà parti des règles de politesses, il devient plus naturel de porter des masques, de se laver les mains, de ne pas s’embrasser, ni de se serrer les mains. La stratégie gagnante de Musashi [3] s’applique aussi à toute forme d’adversité y compris à considérer que même si l’ennemi commun était un simple virus, le respect des gestes barrières cachés dans les règles politesse l’empêcherait aussi de passer. Il est donc nécessaire voire vital de continuer à se protéger dans toutes nos activités humaines avec politesse et sourire. Dans ce contexte les règles sanitaires suivent l’évolution des choses jusqu’au moindre détail, pour éviter la propagation virale, la traçabilité s’avère nécessaire afin de repérer les foyers d’infection et remonter jusqu’à la source. En règle générale la jurisprudence a tendance à rendre responsable les propriétaires de systèmes d’aérations mal entretenus avec une coresponsabilité pour les installateurs agrées qui n’ont pas respectés leurs cahiers de charges. Oublier de changer les philtres devient en pareil cas rédhibitoire. C’est par une attention fondamentale constante à l’ensemble de ces petits détails que nous pouvons, contre la pandémie élaborer ensemble une vraie stratégie gagnante. Boscagli Guy.
[1] Le Gorin-no-sho ou Gorin-to est-une stèle, pierre tombale (Mikkyo) composée de 5 formes différentes superposées symbolisant les 5 éléments du cosmos à partir du bas un cube (terre) une boule ou sphère(eau), un triangle feu, une demi boule (vent) et un hôju (une boule dotée d’une forme de flamme sur la tête)
[2] Mot composé de deux idéogrammes : Shi =forme, figure, taille et Seï =force vigueur. Une force intérieure visible de l’extérieur.
[3] Relire le traité des Cinq anneaux de Miyamoto Musashi . Keiko Yamanaka. Edition Economica.